Très tôt dans la conceptualisation de mon repas sur le thème du monde souterrain, une association d'idée s'est imposée à moi et ne m'a plus quittée... Alors que tout - ou presque tout - semble froid et inanimé sous terre, la chauve-souris a choisi d'en faire son habitat. De jour, elle dort paisiblement dans la quiétude de son repaire. La nuit venue, elle émerge de la profondeur humide des caves pour chasser, poussant des cris stridents pour localiser ses proies.
Ce mammifère volant à sang chaud inspire presque autant de dégoût à la majorité des gens que la perspective de manger du boudin. J'ai donc décidé de frapper fort et d'y aller d'un "boudin de chauve-souris" métaphorique. Comme on n'allait pas saigner à blanc une vingtaine de chiroptères - Juste Ciel! - et que le sang de porc s'est avéré introuvable (j'aurais pu l'annoncer avant Claudette Samson dans La Presse) -, j'ai opté pour une itération à base de sang de bœuf.
Je ne me suis pas lancée dans l'aventure de fabriquer mon propre boudin sans me ressourcer auprès de l'Obsessive, une de mes blogueuses préférées, et je me suis inspirée de sa recette pour mes propres explorations. Elle a attiré mon intérêt entre autres parce qu'elle suggérait une cuisson "moulée" plutôt qu'en boyaux, plus pratique pour le concept ultérieur.
À mon grand dam, même la recherche pour du sang de bœuf a pris des airs de quête du St-Graal. Quelques rares boucheries étaient disposées à m'en vendre, mais pas moins de quatre litres à la fois, une quantité astronomique à moins de pourvoir l'ensemble des étalages de Québec. Le Croc Mignon, à Limoilou, a finalement accepté de me dépanner et de m'en fournir de petites quantités. Et je leur en serai éternellement reconnaissante, car ils m'ont fait tomber en amour avec un produit que je détestais étant petite.
Il faut dire que le boudin maison n'a rien a voir avec celui du commerce, sinon le nom lui-même. Moelleux, riche et savoureux, il donne tout son sens aux souvenirs nostalgiques de nos aïeuls (vous avez peut-être une grand-mère ou un arrière-grand-père qui se souvient encore de l'époque où leur famille de 15 faisait une boucherie dans le coin de novembre, et que le boudin était le premier délice issu de l'abattage).
Afin de compléter mon concept de "chauve-souris", j'ai acheté en ligne des emporte-pièces de Batman. Après avoir jonglé avec plusieurs possibilités, j'ai opté - le jour même de l'événement, oui, oui - pour une ravioli de boudin aux pommes caramélisées servi dans une sauce au calvados à l'érable avec un médaillon de betterave "Batman." Comme cette recette m'est venue sur le tard, bien après la générale, je n'ai malheureusement pas de photos prises par l'une ou l'autre de mes collaboratrices. Cela dit, tous les participants sans exception ont accepté de goûter à la bouchée - malgré son nom effrayant - et les réactions ont été positives à l'unanimité.
Ci-dessous, vous trouverez une photographie prise quelques semaines avant l'événement, lors d'un de mes tests de boudin qui coïncidait avec l'heure du brunch. Il est ici servi avec des pommes poêlées, un oeuf tourné, du pain grillé et beurré, puis de la gelée de pommes, et je dois dire qu'il a fait notre délice, si bien que depuis ce temps, nous avons le goût du sang. Beware!
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| Ce matin-là, j'ai découpé des tranches de boudin avec des emporte-pièces ronds de plusieurs diamètres. Malgré ma tentative de rendre le tout sexy, on dirait un déjeuner du travailleur dans un p'tit resto de quartier, début des années 70... |
Boudin maison
(Pour 4 personnes comme plat principal, avec des accompagnements)
Ingrédients
- 1 c. à table d’huile d’olive
- 1 c. à table de beurre
- 1 1/4 tasse d’oignon haché finement
- 1 gousse d’ail hachée finement
- 500 ml de sang de boeuf
- 1 c. à table de vinaigre de vin rouge
- 1/2 tasse de crème 35%
- 300g de porc haché gras (environ 60% viande et 40% gras)
- 75g de lard salé haché finement
- 1c. à 1 c. 1/2 à thé de poudre de quatre épices
- 1/4 de c. à thé de sel
- Poivre du moulin
Préparation
1- Préchauffer le four à 300 degrés Fahrenheit et amener un gros chaudron d'eau à ébullition. Réserver.
2- Faire fondre l'oignon et l'ail dans le beurre et l'huile d'olive à feu doux pendant 6 minutes environ
3- Dans un grand bol, combiner le sang et le vinaigre de vin rouge au fouet. Ajouter tous les autres ingrédients et bien mélanger à l'aide d'une cuillère en bois
4- Verser la moitié de la préparation dans un mélangeur performant (de type Vitamix), puis réduire en purée aussi lisse que faire se peut (cela n'est pas la méthode classique, mais ça donne de bons résultats!) Transvider dans un moule assez grand pour contenir toute la préparation, puis répéter l'opération avec la seconde moitié.
5- Placer le moule dans un réceptacle plus grand, et placer le tout au four. Transvider peu à peau l'eau chaude dans le réceptacle, de manière à créer un bain-marie.
6- Enfourner pendant 75 minutes environ. Tester la cuisson de votre boudin. S'il n'est pas assez cuit, poursuivre pendant 15 minutes de plus.
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