mardi 3 décembre 2013

Stéphanie Blanchet: la vie en rouge

C'est en cherchant un loisir à partager avec une amie qui vivait non loin de chez elle que Stéphanie Blanchet a fait sa première incursion dans le domaine de la "poterie." Grâce à des cours de loisir suivis au Centre de Céramique de Ste-Foy à compter de 2001, elle a acquis ses bases et n'a pas tardé à développer son style. Elle qui avait trippé sur la Pâte Fimo à l'adolescence, elle est entrée dans cet univers comme si elle retournait au bercail. "Mes mains doivent toujours être occupées, c'est comme ça!", a-t-elle avoué en éclatant de rire, lors de notre entrevue aux Ateliers du Trois Cinquième.

Stéphanie a accepté de poser à côté de quelques unes de ses pièces
dans l'espace-boutique des Ateliers du Trois Cinquième
Stéphanie Blanchet en serait peut-être restée à une production pour le plaisir sans l'intervention d'un ami français, céramiste par passion lui aussi. Ensemble, ils ont convenu de prendre part à 1001 Pots en 2006. Une rampe de lancement pour de nombreux artistes de la relève en céramique, l'exposition tend à mettre au défi les nouveaux venus en raison du volume de production à atteindre pour garnir les tablettes et rentabiliser l'opération. Pas pour Stéphanie. Elle qui trouve une sorte de paix très zen, méditative, dans la réalisation de séries, elle était beaucoup plus stressée par les aspects techniques et administratifs du projet, comme la production de photographies professionnelles et la gestion informatique des données.

Épinglée à une colonne dans son atelier, une longue liste d'items à produire
et surtout, à garder en stock pour répondre à la demande!
Heureusement, le jeune femme ne s'est pas laissée démonter et cette première grosse exposition a pavé la voie vers sa conversion en céramiste professionnelle. Grâce à l'appui d'un patron compréhensif qui lui offrait des horaires flexibles, Stéphanie a peu à peu augmenté le nombre d'heures consacrées à la céramique jusqu'à vivre de son art à temps plein, depuis 2011.

Où qu'elle expose, les pièces de Stéphanie Blanchet commandent l'attention. Son secret? La glaçure rouge, vibrante, avec laquelle elle décore la plupart de ses créations, une recette secrète dont elle tait stratégiquement les détails. Cette couleur pleine de passion est apparue du jour au lendemain dans sa production, tout juste après une rencontre exceptionnelle avec un homme - elle aussi nimbée de mystère-, et ne l'a plus quittée depuis. "Cette couleur a toujours bien fonctionné pour moi. Les gens réagissent beaucoup au rouge!", m'a-t-elle confié avec assurance. Et comme pour lui donner raison, deux passants venus visiter la boutique des Ateliers du  Trois Cinquième, située non loin de l'atelier de Stéphanie, ont émergé du cagibi pour connaître le nom de la céramiste qui avait réalisé les belles pièces rouges en montre dans l'espace...

Le gobelet du haut est recouvert de la glaçure rouge et du réseau de craquelures
distinctif de ses pièces. Celle du dessous est issue d'une technique de décor
développée au courant de la dernière année, avec une poire et un embout en métal.

Cœur rouge-passion sur une tasse en céramique noire, en montre dans l'espace
galerie-boutique des Ateliers.

"Mes pièces sont faites pour être utilisées. J'aime l'idée de créer des produits de luxe et pas, en même temps. Parfois, je me remets en question. Est-ce que ma contribution en tant que céramiste reflète bien mon passage sur Terre? Dans ce temps-là, j'essaie de me projeter dans une autre carrière. Le mois dernier, c'était géologue. Les conseils de ma première prof en céramique, la talentueuse Marie-Hélène Fleury, me reviennent toujours en tête; je me dis que tant que je fais ce que j'ai à faire en m'amusant, je communique quelque chose de positif au monde et c'est très bien comme ça."

Tout en restant en marge du réseau des résidences et des subventions, Stéphanie Blanchet continue d'assurer son développement personnel et professionnel en céramique en s'adonnant à des stages. Des stages de cuisson, pour être plus précis, "parce que c'est l'fun jouer avec le feu." Elle a ainsi travaillé la cuisson en four "anagama" sous la supervision du Maître japonais Rizü Takahashi pour des enfournements s'échelonnant sur 5 à 6 jours qui puisent à même sa passion pour la matière, les flammes et l'aspect méditatif de tout labeur de patience. "Lors de ces méga cuissons, nous enfournons jusqu'à 700-800 pièces. C'est un peu un casse-tête, une jeu de poupées gigogne, mais comme dans ma production, j'adore cet aspect du travail qui impose un soucis d'efficacité."

Ces pièces, elles sont aussi de Stéphanie Blanchet. Issues de l'un de ses stages
de cuisson anagama avec le magicien du feu Rizü Takahashi, elles révèlent
une facette moins connue de sa production. "Je ne serais pas à l'aise
de commercialiser ces oeuvres, qui sont issues d'une tradition asiatique de presque deux mille ans.",
m'a-t-elle confié tandis que je m'affairais à prendre les photos.

Pour la suite des choses, Stéphanie caresse le rêve d'avoir son propre atelier en campagne, dans lequel elle pourrait inviter des artistes en quête d'un lieu pour se ressourcer. "Je suis curieuse de voir comment le fait de changer de contexte pourrait avoir un impact sur ma production," note la femme avec un sourire énigmatique. Cela signifierait-il l'abandon du filon rouge, le passage à une période verte ou bleue, comme dans la carrière de Picasso?

Seul le temps le dira. D'ici-là, sachez que vous pouvez vous procurer l'une des pièces enflammées de Stéphanie Blanchet dans l'un ou l'autre des points de vente suivants:

- Les Ateliers du Trois Cinquième
- Le Marché de Noël du Vieux-Port de Québec
- La boutique Twist Design Atelier à Chicoutimi
- Les boutiques Poterie Manu Reva, Gaïa Céramique ou La coccinelle jaune, à Montréal
- Le Local à Gatineau

L'atelier de Stéphanie est tapissé de petites colifichets, autant de fenêtres ouvertes
sur les pensées qui l'habitent et l'animent dans son travail. 

Épinglée sur une colonne, un valet de cœur... Rouge, bien entendu. :)


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