vendredi 9 janvier 2015

Une carotte par jour: don't break the chain!

Derrière ce titre un brin racoleur se cache en réalité un véritable chantier de croissance personnelle, une aventure que je partagerai ici, avec vous, tout au long de l'année 2015.

Mon développement professionnel, axé sur la créativité culinaire, limite mes heures de préparation alimentaire en grands volumes (et donc, les aptitudes qui vont avec, dont une grande dextérité/vitesse au couteau). Qu'à cela ne tienne, je me suis lancé le défi de réduire en julienne une carotte par jour... pendant un an, un "don't break the chain" pur et dur. Le concept, popularisé par l'Américain Jerry Seinfield, se veut un outil de motivation afin d'inciter chacun à métamorphoser sa vie, un geste à la fois, sans jamais baisser la garde, même pas l'espace d'une journée.

Bien entendu, je ne crois pas que Jerry Seinfeld avait un défi de julienne de carotte en tête lorsqu'il a popularisé le concept...

La julienne est l'une des coupes de base enseignée lors de la toute première semaine de formation en cuisine. Elle consiste en un très fin bâtonnet de 1-2 mm, par 1-2 mm par 4 à 5 centimètres. Avec les mandolines de ce monde, trancher sa julienne au couteau n'est pas l'option la plus efficace. En comptant qu'en moyenne, on peut détailler 3 tronçons par carotte, et que dans chaque tronçon, on peut aller chercher environ 10 lamelles une fois le bâton dégagé, et 10 bâtonnets de julienne par lamelle, cela représente au minimum 350 coups de couteau! Si, en plus, on pousse la folie jusqu'à détailler également les rondeurs en julienne parfaite, on rajoute presque 200, pour un joyeux total de 550 coups. (Pour ceux que j'aurais perdu en cours de route, voici l'explication visuelle du processus!)


C'est en forgeant qu'on devient forgeron, alors je me suis dit que la meilleure façon d'améliorer de manière systématique et durable mon jeu de couteau passait par ce simple exercice. Mais pas que: j'ai aussi un agenda caché.

Derrière la maîtrise du couteau se trouve un véritable kung fu (gōngfu,  功夫)ou "maîtrise des techniques" corrélé à une discipline personnelle, une disposition d'esprit, voire un état de pleine conscience qui rivalise celui des grands maîtres d'arts martiaux. Couper une carotte, une pratique spirituelle? Absolument.

Cela fait déjà une semaine que j'ai démarré cette initiative et déjà, les constats affluent. D'une part, je peux vous assurer que même si cela a l'air bien simple, trancher une carotte par jour, ce ne l'est pas tant que ça. Genre: en escapade à Montréal pendant quelques jours, j'ai traîné avec moi planche à découper, couteau de chef et pèle carottes.  Ou la fois où j'ai réalisé à 23h00 que j'avais oublié ma carotte quotidienne, deux-trois petits verres dans le nez. Ben je l'ai fait quand même, mon défi. Don't break the chain, qu'ils disaient.

Aussi, c'est bien beau de trancher des carottes, mais je me retrouve devant une carotte préparée par jour. Ça fait que j'en mange, de la carotte. En voulez vous? En v'là. La perspective de me taper 365 carottes cette année ne me réjouissant pas exactement, je pense créer ici plusieurs recettes afin d'écouler ma production. Puis tant qu'à faire, j'en profiterai aussi pour tourner des vidéos afin de partager avec vous les secrets techniques derrière le maniement du couteau et l'exécution de coupes parfaites.

Mais au final, c'est surtout l'aspect "croissance personnelle" du geste qui m'intéresse et que j'escompte partager avec vous. Dans un monde qui va trop, trop vite, prendre 10 minutes de ma vie à chaque jour (60 heures en an, quand même, à ne faire rien d'autre que de la julienne de carottes!), c'est une petite révolution. Moi qui m’écœure vite et facilement, je devrai faire face et surmonter le spectre de la répétition encore, et encore, et encore, et trouver ma zone de confort, ma paix d'esprit dans le geste. Et ça, je peux vous l'affirmer, c'est loin d'être gagné d'avance! À suivre sur 180 degrés!

I won't break the chain! #DBTC


2 commentaires:

  1. Bonjour, je me demandais où en était rendu cette étrange résolution! À un mois et demi de la nouvelle année, la chaîne a-t-elle été brisée? Es-tu rendue une gourou de la carotte?

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    1. Bonjour Anne!

      Merci pour la question! :)) Voici pour la réponse: I broke the chain. J'ai tenu bon pendant presque trois mois, en réalisant à quel point une résolution en apparence très simple avait des ramifications complexes... Dans un quotidien stable, aucun problème, mais dans ma vie de foodista en mission, avec des cocktails, des voyages, des chefs à domicile et tout le tralala, j'ai tenu mon bout... Je veux dire, j'ai acheté une planche à découper lors d'un séjour éclair à Montréal, j'ai fait une julienne passablement pompette lors d'une soirée arrosée avec des amis - me rendant compte que j'avais oublié de le faire plus tôt ce jour-là en prévision de... - Il y a même une fois où je me suis réveillée en sursaut et je suis allée faire ma julienne à 2 am en décidant que ce n'était pas si grave d'avoir dépassé le coup de minuit.

      Puis il y a eu cette journée, dans le cadre d'un événement majeur que je coordonnais, où j'ai carrément oublié. Je ne m'en suis rendue compte que le lendemain (une autre journée d'événement majeur) et dans ma tête: il y avait deux choix. 1- Faire la julienne en double pour reprendre celle de la veille ou 2- attendre la fin de l'événement et évaluer. Dans le principe d'une chaîne, cela équivaut à arrêter et c'est effectivement ce qui est arrivé.

      J'en ai été la première surprise. Je suis si fière d'être capable de me fixer des objectifs et de m'y tenir... Qu'une petite carotte par jour ait eu raison de moi défie un peu ma compréhension du monde. Rétroactivement, j'ai arrêté de culpabiliser pour ce manque de "discipline" et j'en suis rendue à comprendre que quand je suis happée par un gros projet, tout prend le bord: mon sommeil, mes loisirs, mes amis, mon chum, des repas normaux à des heures normales, tout, tout, tout... La carotte ne faisait pas le poids là-dedans, ou plutôt, tant que je n'aurai pas le temps pour une carotte par jour tous les jours, on pourra dire que je n'ai pas encore trouvé une façon d'avoir de l'équilibre dans ma vie.

      Deux derniers trucs: il y a du positif qui est ressorti de mon tête à tête avec la carotte. Ma dextérité au couteau n'est pas améliorée mais mon aisance générale avec la julienne, oui. Je sais comment placer ma lame à toutes les étapes pour arriver au résultat escompté. Aussi, j'ai développé une sauce à la carotte dont je suis particulièrement fière: http://180degresf.blogspot.ca/2015/11/gourmets-ces-pilons-de-poulet-lindienne.html.

      Petite question, grande réponse... Mais je pense que je me devais cette mise à jour au moins autant qu'aux lecteurs. :))

      Au plaisir de vous relire ici!

      Héloïse

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