samedi 4 avril 2015

Petits pots d'escargots pour manger flexitarien

De passage chez mon esthéticienne hier, notre conversation a pris le détour des voyages internationaux et des expérience exotiques. Lorsqu'elle a appris que j'avais séjourné 6 mois en Chine, elle a sauté sur l'occasion de me demander ce que j'avais mangé de plus "bizarre", une question à laquelle je réponds régulièrement par ailleurs. Ma réponse était donc toute prête: "De l'anus de porc."

Et du chien?

Disons qu'elle a sursauté un bon coup. "Et du chien, tu en as mangé? J'ai entendu dire que c'est commun, là-bas!" À son grand soulagement, je n'ai pas répondu par l'affirmative. L'occasion ne s'est pas présentée lors de mon voyage, et même si cela avait été le cas, mes sensibilités m'en auraient peut-être empêchée. Je ne sais pas.

Et du cheval?

"En tout cas, moi, le cheval, je ne suis pas capable! J'aime bien que trop ces belles créatures, elles sont si intelligentes. En plus, la viande chevaline vient souvent de vieilles bêtes," a-t-elle commenté spontanément.

J'ai hésité un peu avant de lui avouer que j'en mange à l'occasion, moi, du cheval. Devant son regard haineux, j'ai senti le besoin de me justifier. En tant que flexitarienne, j'essaie de consommer de manière responsable, tant pour l'environnement que pour le bien-être animal. À tout prendre, manger du cheval qui a fait des courses équestres toute sa vie me semble moins cruel que de dévorer à belles dents le bacon d'un porc d'élevage emmuré toute sa vie dans des conditions très difficiles, sans parler de l'impact environnemental qui entoure la production de cette viande.

Des insectes, des mollusques, puis quoi encore?

"Comme ça, tu manges vraiment de n'importe quoi?", a-t-elle frissonné. "En Chine, je n'ai jamais réussi à me farcir une brochette de scorpions." "Ben là, faut pas exagérer! Ils mangent de n'importe quoi, ces Chinois, c'est dégueulasse!"

Je comprends qu'elle soit choquée, mon esthéticienne. Les coutumes alimentaires des autres nous semblent toujours plus étranges que les nôtres, parce que nous n'avons pas été éduqués dans un environnement qui les normalise. Vous savez quoi? Les Chinois ne mangent pas d'escargots. En fait, à part les Français (donc les Québécois par extension) et les Italiens, peu de nations en consomment.

Lorsque j'étais aux études à Picachef, notre chef instructeur français Patrice a fait pleurer une petite fille du Manitoba en la forçant à cuisiner - et pire, à manger! - une recette d'escargots qu'il avait développée pour un mariage à petit budget.

Au Québec, les avis sont partagés. Certains les trouvent dégoûtants, d'autres, délicieux (comment ne pas les aimer, couverts de beurre à l'ail.)

Manger responsable, manger flexitarien

Comme cet échange le témoigne bien, ce que nous acceptons spontanément de mettre dans notre bouche n'a pas de logique intrinsèque. Ce n'est que lorsqu'on initie une réflexion sur ce qui guide nos choix alimentaires qu'on réalise nos incohérences et qu'on découvre qu'on porte des œillères qui nous permettent de faire des choix la conscience tranquille.

Si vous n'avez jamais essayé l'escargot "parce que", je vous enjoins à essayer cette recette ultra-savoureuse, économique et très chic dont la principale qualité demeure son caractère éthique, à la fois pour l'environnement, et pour la créature elle-même qui n'est dotée que d'un système nerveux rudimentaire, donc incapable de souffrir.


Cette recette est inspirée de celle de mon Chef instructeur, Chef Patrice! 

Petits pots d'escargots au cari 
(À l'apéro, pour 4 personnes. Doubler la recette et utiliser des ramequins plus grands pour transformer cette recette en plat principal et accompagnée d'une généreuse salade.)

Ingrédients
- 1 échalote grise finement émincée
- 1 c. à table de beurre
- 1/2 tasse de crème (j'ai utilisé un lait-crème à 5%, c'est ça que j'avais dans mon frigo!)
- 1 conserve de 125 grammes d'escargots (taille 24-28 pour moi, mais vous pourriez aussi choisir de plus petits) égouttés, rincés rapidement à l'eau froide, puis séchés avec un papier essuie-tout
- 1 c. à thé de poudre de cari jaune (peut-être moins si vous n'avez pas votre nourriture relevée)
- 2 petites tomates italiennes (ou une très grosse)
- 100 grammes de pâte feuilletée du commerce (et un peu de farine pour le plan de travail)
- 1 oeuf et quantité équivalente de lait
- Sel, poivre du moulin et 2 bonnes pincées de sucre granulé

Préparation

1- Faire chauffer le four à 450 degrés Fahrenheit

2- Préparer le concassé de tomates. Amener un petit chaudron d'eau à ébullition et y plonger les tomates 1 à 2 minutes, jusqu'à ce que la peau commence à décoller. Le but n'est pas de cuire les tomates, mais de parvenir à les peler facilement! Égoutter les tomates et les refroidir à l'eau froide, puis lever délicatement la peau en évitant de presser la chair. Couper les tomates en deux et à l'aide d'un petit couteau et d'une cuillère, les évider. Vous pouvez réserver l'intérieur des tomates pour votre prochaine sauce spaghetti. À l'aide de votre petit couteau, couper les moitiés de tomate en fines lanières, puis en petits dés de 4 mm environ.

3- Faire chauffer le beurre dans un chaudron, puis faire fondre l'échalote grise finement émincée environ 5 minutes ou jusqu'à ce qu'elle soit translucide. Ajouter le cari et poursuivre la cuisson 1-2 minutes. Ajouter la crème et amener à ébullition. Incorporer les escargots en remuant délicatement quelques minutes de plus. Fermer l'élément chauffant et ajouter le concassé de tomates. Saler, poivrer, sucrer, goûter et ajuster les assaisonnements.

4- Répartir la préparation d'escargots au cari entre 4 petits ramequins.

5- Sur un plan de travail propre, saupoudrer de la farine puis abaisser la pâte feuilletée à environ 2 mm d'épaisseur. À l'aide d'un emporte-pièce, découper 4 rondelles de pâte au diamètre de 2 cm plus grand que celui de vos ramequins. Déposer chaque rondelle sur un ramequin, puis presser la pâte excédentaire afin de créer une sorte de petit couvercle. Dans un petit bol, fouetter l’œuf et une quantité équivalente de lait, puis brosser cette préparation sur la pâte.

6- Déposer les ramequins sur une plaque de cuisson allant au four, doublée de papier d'aluminium. Enfourner 10 à 12 minutes ou jusqu'à ce que la pâte feuilletée soit cuite et bien dorée.

Ces petits pots d'escargots sont absolument délicieux tels quels, avec un bon vin blanc. Je vous suggère ici un accord avec la Pêche Mignonne de François Chartier (grâce au pont harmonique fourni par le cari et le mollusque). Pour étoffer la chose, une belle salade verte avec un élément fruité (de la mangue par exemple) élèvera ce plat au rang de petit délice.

1 commentaire:

  1. Très belle recette, Je vais la réalisée bientôt, car nous adorons les escargots, sous toutes ses formes ... Le cari a aussi nos faveurs, donc cela va être un grand succès !
    Merci

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